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L’ikigai ou « raison d’être » en japonais désigne l’intersection entre ce que vous aimez, ce que vous savez faire, ce dont le monde a besoin et ce pour quoi vous pouvez être rémunéré. Cette quête intérieure peut devenir un puissant moteur d’entrepreneuriat, notamment à un moment de la vie où l’on cherche à réconcilier sens, impact et liberté. Trouver son ikigai suppose une part d’introspection mais aussi un accompagnement adapté pour passer à l’action. À travers la création d’une activité innovante, il devient alors possible de vivre son rêve plutôt que de rêver sa vie.
Article publié le 16/07/2025 dans Les Echos Solutions : https://solutions.lesechos.fr/business/lancer-son-projet/ikigai-et-entrepreneuriat-l-art-d-inventer-l-activite-qui-vous-ressemble/
Pour beaucoup de femmes et d’hommes, la quête de l’ikigai semble aussi aporétique que celle du grand amour. Cette tribune se focalisant sur l’entrepreneuriat, j’évoquerai uniquement le premier défi. Commençons par définir l’ikigai avant de donner quelques clés pour le trouver via la création et le développement d’une activité innovante : startup, PME ou intrapreneuriat.
Le terme japonais « Ikigai » signifie « raison d’être ». Il combine ce que vous aimez faire, ce que vous savez faire, ce dont le monde a besoin et ce pour quoi vous pouvez être rémunérés. Trouver son ikigai permet de faire la synthèse de votre passion, votre mission, votre profession et votre vocation. Si vous y parvenez, vous n’aurez même plus l’impression de travailler puisque vous serez en accord avec vous-même, sans que le concept de travail ne renvoie à son étymologie latine d’absolue pénibilité.
Il faut une bonne dose d’introspection et, parfois, plusieurs sessions de mentorat pour découvrir qui on est et ce que l’on veut vraiment. Il existe même des tests de personnalité qui vous orientent vers des formations complémentaires afin de développer vos compétences et élargir le champ des possibles.
Les questions clés pour formuler son ikigai
En première analyse, on peut commencer par répondre à quelques questions simples pour faire émerger une série d’activités ou de pistes professionnelles susceptibles de clarifier votre ikigai :
- Quelles sont les activités les plus épanouissantes pour vous ? Il peut s’agir, par exemple, de moments où vous accompagnez des créatifs, dialoguez avec des personnes inspirantes ou explorez de nouvelles idées.
- Quelles compétences sont reconnues chez vous ? Peut-être combinez-vous une capacité d’analyse fine avec une grande empathie, qui vous permet d’aborder des problématiques complexes en tenant compte des singularités humaines.
- Quels sont les enjeux de société qui vous incitent à agir ? Certains se sentent interpellés par les défis environnementaux, d’autres par la nécessité de remettre davantage d’humanisme au cœur des interactions professionnelles.
- Comment pourriez-vous vivre de vos talents ? Peut-être en les mobilisant dans des activités à impact social ou environnemental, au croisement de vos compétences et de besoins planétaires.
La réponse à la quatrième question peut conduire à l’entrepreneuriat, qui combine des marges de manœuvre considérables et un risque significativement plus élevé qu’une activité salariée, ce qui nous ramène à l’aphorisme d’Henry de Montherlant selon qui “la liberté existe : il suffit d’en payer le prix”.
L’entrepreneuriat : un cocktail d’adrénaline et d’ocytocine
Si l’ennui est souvent un piège redoutable dans une existence faite de routines émollientes, on peut être tenté par ce cocktail unique d’adrénaline et d’ocytocine prodigué par la création et le développement d’une activité innovante. Plusieurs études confirment que l’argent n’est pas le moteur principal de ceux qui franchissent le pas de l’entrepreneuriat. Les motivations principales sont un désir de liberté et d’épanouissement personnel.
En moyenne, le créateur d’une entreprise innovante est âgé de 38 ans, ce qui qui coïncide avec la fameuse « crise de la quarantaine », ce moment charnière où nombre de personnes ressentent le besoin de réinventer leur vie. Ce désir de changement est particulièrement important lorsque votre existence ne reflète plus assez vos aspirations profondes et si vous avez le sentiment de ne pas avoir suffisamment d’impact sur le monde.
Après une quinzaine d’années passées à se mettre sur orbite sur le plan professionnel, beaucoup découvrent à quel point il peut devenir étouffant d’évoluer dans des organisations où vos initiatives sont bridées, souvent pour de « très bonnes raisons ». Une telle situation peut conduire au découragement voire à l’inaction qui, bien qu’induite par votre environnement, pourra au demeurant vous être reprochée. Savoir avaler des couleuvres et naviguer entre des injonctions contradictoires devient alors un véritable art de la survie dans le monde salarié.
Le risque de n’en prendre aucun
Pour beaucoup, ce rêve d’alignement se heurte cependant à la réalité du quotidien, où le risque semble plus menaçant que libérateur. Même si les opportunités de création n’ont jamais été aussi nombreuses, un professionnel en milieu de carrière doit prendre en compte des dizaines de paramètres avant de se lancer dans l’entrepreneuriat. Les responsabilités financières, qu’il s’agisse de charges familiales ou de remboursements de crédits, rendent l’équation plus complexe qu’à vingt ans.
Créer son entreprise demeure une aventure risquée, mais on rappellera aux personnes que cette idée paralyse que celles et ceux qui n’ont jamais pris de risque finissent souvent par travailler pour ceux qui en ont pris. Les grands entrepreneurs ne sont pas tous des génies : ce sont en revanche des visionnaires capables prendre des risques calculés et qui ont compris que l’entrepreneuriat constituait leur ikigai.
Faites-vous accompagner !
De nombreux dispositifs de formation et d’accompagnement peuvent vous aider à renforcer vos compétences et à mobiliser les ressources nécessaires à la réussite d’un projet entrepreneurial.
Incubateurs, accélérateurs, programmes de mentorat, fonds d’amorçage, outils numériques, plateformes collaboratives et autres outils de développement de votre réseau : autant de ressources précieuses pour détecter, structurer et développer des opportunités d’affaires.
À la croisée de la quête de soi et du désir d’agir, l’ikigai peut devenir un levier puissant pour envisager l’entrepreneuriat autrement. Dans tous les cas, il est utile de se poser la question de son ikigai afin de vivre son rêve plutôt que de se contenter de rêver sa vie. Réfléchir à son ikigai, c’est déjà commencer à écrire une vie plus intense où le verbe « travailler » rime avec liberté.
